Auteur: André Sévigny
Les Éditions GID, 490 pages
André Sévigny nous présente le Sergent Dieulefit dans une immense aventure. Que l’on ait lu ou non le premier ouvrage, on sera tout de suite immergé dans le monde de Ville-Marie en 1703-1704.
L’auteur a l’art de décrire cette bourgade en passant du boulanger jusqu’aux trafiquants de fourrure vers Manhatte.
Nous voici plongés dans une période, on capte des odeurs, des sons, on voit très bien les visages, les rues, les maisons, les arbres. On rencontre des personnages qui ont manqué cette petite ville, cette contrée, la Nouvelle-France.
Le récit est vivant, alerte, plein de rebondissements. Ville-Marie s’anime sous nos yeux. Quel monde ! On entend le parler des gens, les mots sont toujours justes, les dialogues sonnent vrais, les rappels historiques précis nous permettent de nous situer, de comprendre, d’apprendre. Nous entrons dans les auberges, les grandes maisons ou les bouges, les maisons longues ou chez le boulanger. Nous voyageons vers Fort Frontenac ou vers Deerfield, nous sentons le vent chaud ou glacé, nous sommes en carriole ou à cheval. Nous sommes dans le temps, surpris par la violence ou par la bonté, par les alliances ou les trahisons.
Les personnalités sont fort bien campées, on assiste aux rivalités, aux jeux politiques des uns et des autres, aux coulisses diplomatiques, l’auteur a l’art de nous montrer la complexité du tissu des relations entre les différentes populations dans cette société si hiérarchisée.
Le travail de l’historien est minutieux, la recherche ample, l’exposé clair. La vie en ces temps, en cette région, tient à peu. La description de la guerre peut nous surprendre, mais ces combats ne sont-ils pas aussi horribles, cruels, que ceux qui se mènent en Europe à la même période, ne sont-ils pas semblables aux guerres qui déchirent notre époque ? Comme si nombre de livres d’histoire avaient lissé les événements, la furie des raids, la cupidité de certains et la grandeur des autres.
C’est une vaste fresque, même si le récit se déroule en peu d’années, c’est un ouvrage panoramique, une mise en scène complète, fouillée, détaillée, solidement étayée, prenante.
Ce livre constituera certainement, pour beaucoup, une découverte de la vie en Nouvelle-France, à Ville-Marie, et sera une excellente introduction à l’Histoire dans ce qu’elle a de local, de régional et d’universel.
Ces heures de voyage dans le temps se prolongent par des réflexions, des questionnements, sur jadis et aujourd’hui, sur nos relations avec toutes les communautés qui composent nos sociétés, sur l’ampleur de l’influence du passé sur notre présent et notre avenir.
Les rues d’autrefois s’animent, les gens sortent de leur cadre, vivent, souffrent, espèrent, les lieux sont réhabités, le temps se déroule au rythme de la Nouvelle-France.
Après la lecture de ce livre, vous ne marcherez plus de la même façon dans le Vieux-Montréal !
Jean-Louis Grosmaire
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